mercredi 20 août 2008

Pour qui j'ai des sentiments, hein, pour qui?

Mais Ranita recadre la rencontre et en vient à l’objet de sa convocation. Elle apprend calmement à Panisse que le code déontologique des super-héroïnes est de ne dévoiler leur identité civile à personne et sous aucun prétexte. Si elles venaient à être démasquées par quelqu’un, elles n’ont alors qu’une alternative : faire leur vie avec cette personne… ou la tuer. Que Panisse ignore cette règle ne change rien : Ranita doit respecter la loi des super-héroïnes ou renoncer à en être une. Ils discutent alors de l’éventualité de se battre, comparent pour cela leurs palmarès respectifs, leurs spécialités de combat. Ranita confesse être incapable de tuer quelqu’un : elle demande donc à Panisse s’il accepte de faire sa vie avec elle. Panisse réfléchit ; il acquiesce.

Ranita demande à Panisse s’il a une copine, il répond que non. Ranita a un petit-ami. Elle ne lui a pas révélé son activité de super-héroïne : elle lui fait croire qu’elle est représentante de commerce. Ranita commence alors un long monologue absurde, devant Panisse, qui ne comprend rien mais reste stoïque (il s’agit en réalité du dialogue de Heat entre De Niro et Pacino, que Ranita récite seule).

Panisse coupe Ranita avant la fin de son monologue : il a une urgence et doit partir. Il se propose de payer et explique qu’étant un habitué de ce café, il va essayer de marchander le prix. On l’observe marchander de loin.


Appartement de Panisse/Int/Nuit

L’appartement semble vide.

On entend en off la voix de Panisse : il est en train de prononcer des mots obscènes, il fait apparemment l’amour avec un homme ; cependant le ton de sa voix est étrangement mécanique, il découpe tous les mots avec une froideur inhabituelle, presque clinique. On aperçoit Panisse qui traverse l’appartement : il est en fait au téléphone. Il continue son manège, quand sa porte sonne.

Un peu paniqué, Panisse met maladroitement fin à sa discussion en s’excusant et prétextant une urgence.

Ranita entre dans l’appartement. Ils s’embrassent rapidement sur la bouche : la familiarité de leurs comportements l’un envers l’autre nous fait comprendre que du temps a passé et qu’ils forment désormais ce qu’il est convenu d’appeler un couple.

Ranita est belle : elle s’est un peu maquillée et porte un débardeur rouge sous un léger pull noir qui lui découvre une épaule ; elle arbore des boucles d’oreille et un bracelet en plastique rouge.

Ranita demande à qui parlait Panisse : elle a entendu des cris. Panisse lui répond qu’il faisait son calling téléphonique ; en ce moment il doit vendre des services à la personne pour personnes âgées, il tombe donc souvent sur des malentendants.

Ranita est toute excitée, le duo qu’elle forme avec Panisse figure dans le classement des meilleurs espoirs de l’année de XX, le magazine spécialisé sur les super-héros ; ils sont à la 7ème place ! Elle sort le magazine et le montre à Panisse (le spectateur ne verra jamais le contenu du magazine), puis lui lit le commentaire qui est fait de leur équipe. « Un nouveau duo réunissant deux jeunes prometteurs dont on avait déjà parlé dans ces colonnes. Joueurs, ils affirment vouloir marcher dans les pas du plus grand couple de super-héros, les Chevaliers errants au sud de l’Anamour Juliette et Isidore ; c’est tout le bien qu’on leur souhaite ». Panisse a l’air content, mais remarque qu’ils devraient changer leur photo officielle, vraiment ridicule à son goût.

Ranita lui apprend également que Rachid Dajïdani et ses jeunes de Génération X sont en 2ème position, avec ce commentaire : « Peut-être le plus beau geste de ses dernières années, l’école de Rachid Dajïdani, qui, loin de l’élitisme des deux puissances incontournables, montre justement qu’il est possible de les contourner, à plus forte raison quand rien ne nous y prédestine. Et si l’avenir des super-héros se trouvait là ? ». Ranita énumère la liste des 10 espoirs.

Elle s’étonne ensuite de trouver le duo formé par HPG et Laurent Talon dans les flops de l’année, avec ce dur commentaire : « Difficile de faire plus désaccordé que le duo le plus improbable de l’année : l’ex-star des Surpuissants HX3, qui a, depuis sa brutale exclusion, pris un sérieux coup de vieux et le poète dandy dont on s’est toujours demandé si la réputation - aussi bien super-héroïque qu’artistique - n’était pas terriblement surévaluée. »

Ranita passe enfin sur le classement des grandes entreprises de super-héros, avec une surprise de taille : Mediacritik et Les Surpuissants HX3 sont premiers ex-acquo, alors que Mediacritik a toujours été leader de ce classement.


Restaurant Grec/Int/Nuit

La discussion continue étrangement exactement là où elle s’était arrêtée dans l’appartement : malgré le changement de lieu, il semble y avoir une parfaite continuité temporelle. Panisse et Ranita sont face à face autour d’une table, dans un restaurant grec. Elle est toujours en train de lire le magazine à Panisse.

Le magazine explique donc son choix par, d’un côté, le fracassant départ de trois des membres historiques de Mediacritik, Raqi33, Boba7 et Kubabob, dont on ne peut prédire aujourd’hui les conséquences à long terme sur le Team, et, de l’autre, la politique dynamique, agressive et ambitieuse des Surpuissants HX3, qui, alliée à des tarifs moins chers, lui a permis depuis maintenant trois ans de gagner chaque année de nouveaux contrats importants.

Panisse s’interroge sur cette logique mystérieuse qui pousse tous les hommes et toutes les organisations à toujours s’étalonner par rapport à l’autre, à toujours tenter d’exister en diminuant l’autre ; gagner, qu’est-ce que ça peut bien signifier, se demande-t-il.

Ranita le coupe : son amie Sandrine Rinaldi, ex-Strange Girl, les a invités à la grande fête qu’elle organise dans son appartement le week end prochain. Panisse en a en effet entendu parler par Rachid Djaïdani, il a hâte d’y être car les fêtes sont de plus en plus rares ces derniers temps.

Le serveur vient prendre la commande mais Panisse et Ranita n’ont pas commencé à regarder la carte ; ils lui demandent cependant de rester afin de lui poser des questions sur les plats. En fait, ils vont descendre la carte plat après plat en demandant à chaque fois des explications au serveur, la scène devenant presque absurde au bout d’un moment. Ils finissent par commander.

Panisse a croisé dernièrement son vieil ami Rodolphe Pauly, que Ranita n’a encore jamais rencontré. Justement, Rodolphe Pauly veut à tout prix rencontrer Ranita, mais seul à seul, a-t-il insisté. Ranita trouve cette requête étrange, Panisse lui répond qu’il faut s’habituer à être surpris, voire bousculé, avec Rodolphe Pauly. Il lui raconte brièvement comment ils se sont rencontrés : se fréquentant de loin grâce à un ami commun, Panisse avait un jour proposé à Rodolphe Pauly de venir discuter avec lui dans la salle des dangers de la MJC de Cergy Pontoise. Ils avaient alors discuté trois heures durant, échangeant notamment tout de suite des choses très personnelles ; on peut dire qu’après cette discussion, ils étaient devenus amis. Ranita accepte de rencontrer Rodolphe Pauly seul à seul.

Panisse et Ranita s’échangent leurs cadeaux de Noël. Ils ont l’air heureux. La scène coupe juste avant l’ouverture des paquets.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"Ranita commence alors un long monologue absurde, devant Panisse, qui ne comprend rien mais reste stoïque (il s’agit en réalité du dialogue de Heat entre De Niro et Pacino, que Ranita récite seule)."

Parfois il y a des trucs qui me gênent, mais là c'est pire, parce que si tu fais pas partie des happy few qui ont vu Heat, qui reconnaissent le dialogue et qui aiment bien le principe d'une citation absconse dans un film...

Je veux bien que pour l'instant beaucoup de choses relèvent de la private joke, mais la plupart ne sont pas gênantes. Là ça le devient.

Arrête de faire du cinéma pour toi.

lucabrasi a dit…

merci pour tes remarques et commentaires, j'y répondrai peut-être un jour.